An exceptional interview of Nice, Negresco General Manager Pierre Bord

Trois mois après les terribles événements du 14 juillet 2016 à Nice, Pierre Bord Directeur Général du grand hôtel Le Negresco à Nice répond aux questions de Karine Comazzi dans les salons du Bristol à Paris lors de la 14ème remise des Villegiature Awards. Le Negresco a emporté deux fois les Villegiature Awards 2013 dans la categorie Meilleure Amosphère et en 2015 Meilleure communication Interactive

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Karine Comazzi. : Beaucoup de vos confrères ont évoqué ce soir les événements tragiques du 14 juillet dernier. Vous, malheureusement, vous les avez vécus d’encore plus près. Comment continue-t-on de faire ce beau métier dans un contexte aussi douloureux ?

Pierre Bord. : Je crois qu’un de nos confrères disait que c’est avant tout une très grande aventure humaine et au fond, tout est là. Je profiterai de ce moment pour rendre hommage à la famille Negresco. Vous savez que les portes ont été ouvertes aux réfugiés, aux enfants, aux blessés. Nous avons accueilli plus de 400 personnes qui ont passé la nuit dans le hall. C’est avant tout une aventure humaine et puis, dès le lendemain, il a fallu se dire : « Est-ce que tous mes employés sont en vie ? Est-ce que tous mes clients sont en vie ? ». Il a fallu continuer. Il a fallu servir des petits déjeuners, des déjeuners, des dîners. Alors, je ne vous dis pas que c’est facile tous les jours parce qu’on ne peut pas oublier, d’un claquement de doigts, mais c’est l’amour de notre métier, l’amour des gens qui nous fait avancer. Nous sommes au fond des marchands de bonheur et de rêve et nous devons continuer. Il y a des vieilles dames de la Promenade qui disent « le Bon Dieu a envoyé le 14 juillet aux Niçois pour qu’ils se mettent à genoux et s’occupent des enfants ». Aujourd’hui, nous sommes à nouveau debout et nous continuons.

K.C. : Vous imaginiez vivre dans votre carrière d’hôtelier un événement où vous devriez accueillir de manière aussi tragique autant de personnes dans vos salons ?

P.B. : Jamais et Dieu sait que j’en ai vécu des choses dans ma carrière. J’ai une très belle carrière. J’ai eu une vie fantastique mais, cela, jamais.

K.C. : Ce moment tragique et cette douleur que vous avez ressentie… Qu’est-ce que cela a changé pour vous alors que vous avez une très belle carrière ?

P.B. : Alors, je dirais que, une fois de plus, il y a eu chaos mais c’est sur le chaos que l’on construit et que l’on a à nouveau l’espérance. Ce chaos sert aussi à nous remettre en question, à remettre beaucoup de choses en question. Je ne parlerai pas seulement de sécurité mais surtout du point de vue humain et de l’amour en général. Imaginez ce que l’on peut ressentir lorsque votre hôtel se vide parce que tous les clients partent et puis… lorsque de nouveau, les premiers clients reviennent « Quel bonheur !  Nous sommes là pour servir : ».

K.C. : On vous sent encore très ému
P.B. : Oui

K.C. : Vous n’oublierez pas ?

P.B. : Non, je n’oublierai pas. Je n’oublierai pas même si je me dis que c’est un mauvais souvenir. La Promenade restera malgré tout toujours meurtrie mais nous sommes là et comme je le dis à mes équipes et à nos clients « We love to pamper you ». Plus que jamais nous développons cet amour du service et du client.

Hôtel Le Negresco
37, Promenade des Anglais
06000 Nice France